Le 8 mars nous célébrons la Journée internationale des droits des femmes, une journée d’action, de sensibilisation et de mobilisation consacrée à la lutte pour les droits des femmes, l’égalité et la justice.
L’occasion de rappeler l’importance de la lutte pour l’égalité femmes-hommes et pour l’inclusion de toutes les femmes, les femmes lesbiennes, bisexuelles, transgenres et plus (LBT+) en entreprise. Bien que des avancées significatives aient été réalisées ces dernières décennies, les femmes continuent de subir des discriminations en entreprise, et les femmes LBT+ sont particulièrement touchées par ces inégalités.
Origine de la journée du 8 mars
Cette journée puise ses origines dans l’histoire des luttes ouvrières et des manifestations de femmes en Amérique du Nord et en Europe.
À partir de 1909, les États-Unis organisent chaque année le dernier dimanche de février le « National Woman’s Day », une « journée nationale des femmes », pour célébrer l’égalité des droits civiques.
En 1910 à Copenhague, Clara Zetkin, journaliste et militante allemande, appelle toutes les « femmes socialistes de tous les pays » à organiser chaque année une Journée internationale des femmes. Elle est célébrée dès le 19 mars 1911 en Autriche, Allemagne, Danemark et en Suisse.
En Russie, une « Journée internationale des ouvrières » est célébrée le 3 mars 1913 puis le 8 mars 1914. Lors du 8 mars 1917 des femmes manifestent dans les rues de Petrograd (Saint-Pétersbourg) pour exiger « le pain et la paix », cette manifestation va marquer le début de la révolution russe. À partir de 1921, la date du 8 mars sera officiellement célébrée en Union soviétique.
Après la Seconde Guerre Mondiale, le 8 mars est célébré dans de nombreux pays.
C’est en 1977 que les Nations Unies officialisent le 8 mars comme la Journée internationale des femmes, invitant ainsi tous les pays du monde à fêter les droits des femmes.
En 1982, la France reconnait enfin le 8 mars comme Journée internationale des droits des femmes sous l’impulsion d’Yvette Roudy, ministre déléguée aux droits des femmes. Ce 8 mars 1982 est marqué par de nombreuses manifestations de femmes et dont le point fort est l’accueil de 450 femmes, représentant les milieux socio-professionnels et les associations à l’Élysée avec le discours du président de la République François Mitterrand pour annoncer plusieurs mesures en faveur des droits des femmes.
Les droits des femmes
Connaissez-vous les étapes importantes pour arriver aux droits des femmes tels que nous les connaissons aujourd’hui en France ?
Redécouvrez l’évolution des droits des femmes en France depuis 1791 >>
En 2022, de nouvelles dispositions ont permis des avancées importantes pour les femmes, comme la contraception gratuite pour les moins de 25 ans, le rallongement du délai pour avoir recours à l’IVG, et l’entrée en application de la loi Rixain.
Tout au long de l’année, des nominations significatives dans la vie politique, économique et professionnelle sont aussi à noter.
La première ministre
16 mai 2022, Elisabeth Borne est nommée « Première ministre », sa fonction est féminisée dans le Journal officiel du 16 mai 2022, trente-et-un ans après qu’Edith Cresson ait été nommée « Premier ministre ».
Revenons un instant sur les mots employés « Première ministre » ?
Depuis plus de 5 ans, le langage inclusif reste toujours très controversé en tant que démarche globale et systématique, avec une forte opposition ciblée et restrictive sur l’usage du point médian et de néologismes, alors que le langage inclusif ne se résume pas à ces seules pratiques.
Un intérêt croissant accompagné d’un usage progressif sont observés sur l’emploi des noms de métiers féminins et la recherche de termes épicènes, mots englobants ou non genrés, pour éviter le masculin générique.
Vers une écriture inclusive raisonnée. C’est tout le principe d’une langue vivante, l’usage prévaut toujours sur les normes. On en apprend beaucoup grâce aux requêtes Google et sondages associés.
Etude Google x Mots Clés L’écriture inclusive en France en 2021 – Mars 2022.
Le 28 juin 2022, Yaël Braun-Pivet est élue Présidente de l’Assemblée nationale par ses collègues députés. Elle est la première femme à occuper cette fonction.
Le 26 octobre 2022, Marie-Anne Barbat-Layani est nommée Présidente de l’Autorité des marchés financiers. Elle est la première femme à accéder à ce poste.
Chez Orange, ça bouge aussi. Le 28 janvier 2022, Christel Heydemann est nommée Directrice Générale du groupe Orange et prend ses fonctions le 4 avril 2022. Elle devient la troisième femme à la tête d’une entreprise du CAC 40 après Engie et Véolia.
Le chemin est long et lent, plus de dix ans après la loi « Copé-Zimmerman » qui a imposé des quotas de femmes dans les conseils d’administration et de surveillance des grandes sociétés.
Pour compléter ce dispositif, la loi « Rixain » du 24 décembre 2021, qui vise à accélérer la participation des femmes à la vie économique et professionnelle, définit de nouveaux indicateurs et crée une obligation de représentation équilibrée entre les femmes et les hommes parmi les cadres dirigeants et les membres des instances dirigeantes des grandes entreprises, accompagnées d’une obligation de transparence.
Pour accélérer la féminisation des instances dirigeantes, la loi « Rixain » impose ainsi de nouveaux quotas de 30% de femmes de cadres-dirigeantes et 30% de femmes membres des instances dirigeantes à partir de 2026, pour atteindre des quotas de 40% en 2029.
Ainsi nous pouvons consulter et suivre l’Index égalité professionnelle et le taux de féminisation dans ses instances dirigeantes et parmi ses cadres dirigeantes, pour nos entreprises. Voici les publications d’Orange SA au 1er mars 2023 :
Espérons que ces obligations de transparence et de quotas feront bouger les lignes dans le monde professionnel.
La société évolue, pourtant…
Malgré des avancées incontestables, la situation reste très préoccupante.
En janvier 2023, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) dévoile son rapport 2023 sur l’état du sexisme en France.
Une écrasante majorité de Françaises et Français constate des inégalités de traitement : 93% estiment que les femmes et les hommes ne connaissent pas le même traitement dans au moins une sphère de la société (travail, espace public, école, famille…), et 80% estiment que les femmes et les hommes ne sont pas égaux dans le monde professionnel (Rapport annuel du HCE, 2023).
Le rapport nous décrit un vécu du sexisme au quotidien largement partagé par les femmes, des situations de « sexisme ordinaire » et bien au-delà, des situations de discrimination, des situations de violences (physique, sexuelle, psychologique) et de harcèlement.
46% des femmes déclarent avoir vécu une situation de sexisme au travail, et 37% avoir déjà vécu des discriminations sexistes dans leur choix d’orientation professionnelle.
Le HCE souligne que le sexisme s’inscrit bien dans un « continuum » des violences sexistes et sexuelles « faisant le lit » de toutes forme d’acte de violence.
En dépit d’une sensibilisation croissante aux inégalités de genres et aux violences faites aux femmes, les biais et les stéréotypes de genres perdurent et continuent d’être banalisés, les clichés et les situations sexistes au quotidien, « banales », « insidieuses », voire « bienveillantes » sont malheureusement acceptés par une grande partie de la population, d’où l’absence de changements perceptibles sur l’évolution de la situation réelle des femmes.
Le sexisme conduit à des renoncements au quotidien
9 femmes sur 10 affirment anticiper les actes et les propos sexistes des hommes et adoptent des conduites d’évitement pour ne pas les subir, ce qui induit une perte de confiance en soi dans leur vie au quotidien et des conséquences directes sur leurs parcours professionnel.
Les femmes lesbiennes, bisexuelles ou transgenres partagent ce même vécu et sont très souvent confrontées à des discriminations et des violences dans le monde du travail, en raison de leur orientation et/ou de leur identité de genre. Elles sont bien moins visibles que les hommes GBT+ et subissent à la fois le sexisme et la lesbophobie, biphobie ou transphobie sur leur lieu de travail.
Bon nombre de femmes LBT+ restent invisibles au travail pour fuir ce cumul de discriminations, devant déjà se protéger du sexisme subi au quotidien, entrainant de fait leur absence flagrante de visibilité et de représentation dans le monde professionnel.
Deux tiers des femmes lesbiennes et bisexuelles sont invisibles auprès de leurs collègues et de leur hiérarchie.
Pour bien comprendre les causes profondes de cette invisibilité des femmes LBT+, L’Autre Cercle a lancé un projet dédié VOILAT – Visibilité ou invisibilité des lesbiennes au travail, et nous a partagé ses travaux, à commencer par 2 enquêtes quantitatives et qualitatives publiées en mai 2022, suivi du Guide VOILAT publiée en février 2023.
Quand elles se rendent visibles, les discriminations et agressions ont de lourds impacts : plus de la moitié d’entre elles ont déjà subi une discrimination ou une agression lesbophobe ou biphobe en entreprise, entrainant des pensées suicidaires pour 45% des victimes, et leur départ de l’entreprise pour 34% des victimes.
Une invisibilité subie
Une majorité de femmes LBT+ interrogées fait également état d’une lesbophobie ambiante peu propice à une visibilité sereine en entreprise : moqueries ou propos désobligeants directement adressées pour 41% d’entre elles, ou simple témoin de l’utilisation de termes lesbophobes pour 62%.
Quand près de 8 lesbiennes ou bisexuelles sur 10 sont visibles auprès d’au moins un membre de leur entreprise, seule 1 sur 3 est visible de l’intégralité de ses supérieures, et ces chiffres se dégradent pour les travailleuses dans des secteurs à dominante masculine, des petites structures ou des travailleuses « isolées ».
L’invisibilité se traduit par de nombreux renoncements.
Et quelles sont les actions de Mobilisnoo
Forcé de constater que nos membres sont en majorité des hommes cisgenres, Mobilisnoo cherche depuis plusieurs années à rééquilibrer sa composition dans une dynamique de croissance, pour être en cohérence avec les messages que nous portons et plus proche de toutes les personnes LGBT+ que nous défendons et accompagnons au quotidien en entreprise. À commencer par plus de femmes et bien toutes les femmes. Pour cela, nous avons bien compris qu’il fallait leur envoyer les bons signaux.
Cela commence déjà par une vigilance dans la composition de notre Conseil d’Administration (CA). Nous ne sommes pas encore à la parité, mais nous y travaillons. Aujourd’hui, notre CA compte 2 administratrices sur les 6 postes, et toutes deux sont engagées au sein du bureau de l’association, Claire notre vice-présidente — en charge des questions T — et Nathalie notre trésorière.
Pour assurer ses missions, notre CA est épaulé d’un réseau de référent·es Mobilisnoo réparti·es sur 9 régions, au plus près des collaborateur·rices du Groupe Orange. D’année en année, le réseau de proximité s’est développé et compte aujourd’hui 7 femmes, lesbiennes, bisexuelles, transgenres ou alliées sur les 12 membres : Amélie, Caroline, Claire, Magali, Nathalie, Pascale C. et Pascale T.
Mobilisnoo les remercie d’avoir fait le choix de leur visibilité et de leur engagement, car c’est avec elles que nous pourrons faire bouger les lignes.
Peu à peu, nous avons observé une légère hausse des adhésions de collaboratrices, toujours très discrètes. L’enjeu est de faire participer ces femmes plus activement aux événements et actions de l’association, par exemple en leur proposant des actions spécifiques et des espaces d’expression qui leur seront réservé·es. Nous nous appuyons beaucoup sur les échanges et les partages d’expérience avec d’autres réseaux LGBT+ pour tester et mettre en place de tels dispositifs.
En parallèle, l’association Mobilisnoo s’applique à faire évoluer sa communication, par son langage plus inclusif, les termes choisis et les actions mises en œuvre.
Lorsque Mobilisnoo organise des événements au sein d’Orange et à l’extérieur, nous faisons attention à respecter la parité, ou à tendre vers un équilibre, pour la répartition des prises de parole de l’animation et les témoignages de personnes concernées. Nous avons la même approche pour le choix des thématiques couvertes, essayant d’aller au-delà des généralités pour des actions de sensibilisation ciblées.
Des témoignages forts
Pour exemple, nous vous invitons à redécouvrir cette série de 6 témoignages de femmes LBT+ en entreprises.
Les femmes sont diverses, fortes et fières ! Allons à la rencontre de ces 6 femmes en 5 épisodes >>
Elles y partagent leurs regards, leurs impressions, leurs vécus sur la place des femmes dans notre société, l’accès aux droits, à l’éducation, mais aussi la lutte contre toutes formes de discriminations, l’égalité professionnelle et les risques de double discrimination, et leurs attentes comme la fin des violences faites aux femmes.
Un grand Merci à Alexandra, Claire, Diana, Hélène, Magali, Marina pour leur participation !
Mobilisnoo participe à l’émergence de femmes rôles-modèles LGBT+ et allié·es
Depuis 2019, L’Autre Cercle organise chaque année, les Rôles-modèles LGBT+ et alliées au travail, une cérémonie qui valorise l’engagement pour l’inclusion des personnes LGBT+ au travail en France, en honorant celles et ceux qui œuvrent pour l’inclusion et la représentation positive des personnes LGBT+ au travail.
Chaque nouvelle édition permet de réaffirmer la nécessité d’une visibilité dans le monde professionnel d’actrices et acteurs LGBT+ ou allié·es influent·es, ou décisionnaires, en faisant émerger des rôles modèles.
Mobilisnoo participe activement l’émergement de futurs rôles-modèles. À chaque nouvelle campagne de candidature, nous identifions des personnes, en particulier des femmes, qui contribue par leur visibilité et/ou leur engagement à développer une image positive des personnes LGBT+ et nous les nommons pour l’édition à venir. Ensuite, c’est à la personne de confirmer sa candidature.
Souvent nous les accompagnons dans cette démarche de candidature, pour les aider à prendre conscience de leur réel engagement et de l’impact de leur visibilité sur les autres personnes LGBT+ et allié·es en entreprise.
Mobilisnoo est fière d’avoir participé à la nomination de plusieurs femmes au sein d’Orange, aujourd’hui reconnues Rôles-Modèles LGBT+ et Allié·es :
- Claire LAMBERTI, lauréate 2019 dans la catégorie Leaders LGBT+
Responsable RH Développement des compétences — Orange
Vice-présidente de Mobilisnoo et référente de proximité à Lyon – Auvergne-Rhône-Alpes - Floriane AUJOUX, lauréate 2020 dans la catégorie Jeunes diplômé·es LGBT+
Développeuse — Orange - Hélène TEIL, lauréate 2021 dans la catégorie Leaders LGBT+
Ingénieure Architecte de services — Orange
Référente de proximité Mobilisnoo à Grenoble – Auvergne-Rhône-Alpes - Aliette MOUSNIER-LOMPRÉ, lauréate 2021 dans la catégorie Dirigeant·e LGBT+
À l’époque, Directrice des Opérations & Service Client — Orange
Depuis le 24 mai 2022, Aliette MOUSNIER-LOMPRÉ est Directrice Générale d’Orange Business (OB). - Nathalie BOURDON, lauréate 2022 dans la catégorie Leaders LGBT+
Architecte fonctionnel et urbaniste — Orange
Trésorière et référente de proximité Mobilisnoo à Paris – Île-de-France - Pascale CHARRIER, lauréate 2022 dans la catégorie Leaders Allié·es
Manager — Orange
Référente de proximité Mobilisnoo à Nantes – Pays-de-la-Loire
Encore une fois, félicitations à toutes nos lauréates au sein d’Orange
La campagne de candidature de la prochaine édition 2023 est ouverte, pourquoi pas vous ? Nommer un·e candidat·e et participer à la prochaine édition >>
Mobilisnoo s’engage à vos côtés
Dans sa mission de développement d’un environnement de travail ouvert, respectueux et inclusif pour toutes et tous, Mobilisnoo sensibilise et lutte contre toutes les formes de discriminations, liées à l’orientation sexuelle et l’identité de genre sur son lieu de travail.
Vous pouvez nous contacter pour nous signaler toute situation de lesbophobie, gayphobie, biphobie ou transphobie en entreprise. Nous soutenons les personnes qui en seraient victimes et les accompagnons dans la résolution de leur situation.
Mobilisnoo a collaboré avec le Groupe Orange afin de rassembler dans un guide un panel de situations pouvant se produire dans le contexte professionnel, les moyens de les adresser, des rappels aux lois applicables dans ces situations, ainsi que la position officielle d’Orange à tenir aussi bien par les managers que par les salarié·es.
Nous vous invitons à consulter le guide LGBT+ d’Orange >>
Le 8 mars et la Journée internationale des droits des femmes, une journée de sensibilisation et de mobilisation dédiée à la lutte pour les droits des femmes.
Force est de constater que malgré les avancées obtenues ces dernières décennies, les inégalités de genres persistent dans notre société et dans nos entreprises. Les femmes, y compris les femmes LBT+, subissent encore et toujours des discriminations, des violences sexistes et sont freinées dans leur évolution professionnelle.
Cependant, les initiatives se multiplient pour lutter contre ces inégalités et mettre en place de bonnes pratiques sur de nombreux fronts, en incluant les situations spécifiques aux femmes LBT+, qui elles aussi ont droit de travailler dans un environnement sûr, respectueux et égalitaire.
En célébrant la Journée internationale des droits des femmes, rappelons-nous que la lutte pour l’égalité des genres est bien une lutte pour toutes les femmes, quelles que soient leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. Alors engageons-nous pour un monde professionnel plus inclusif.