Pour parler du hashtag MeTooGay, il faut regarder le mouvement MeToo dans son ensemble : lancé en 2007 et mis en lumière en 2017 suite à l’affaire Weinstein, le mouvement encourage la prise de parole des femmes victimes de viols et d’agressions sexuelles.
Le mouvement #MeToo devient très rapidement mondial, avec de nombreuses variantes locales, selon les langues et la culture, simplement traduit, comme #MoiAussi au Québec, et parfois en créant une nouvelle expression comme #BalanceTonPorc en France.
En France, un sondage réalisé en 2017 sur Internet révèle parmi les répondant·es, que plus d’une femme sur deux en France, plus de six jeunes femmes sur dix, et un homme sur dix auraient été victimes d’agression sexuelle (attouchements, mains aux fesses, baisers forcées…) ou de harcèlement sexuel (propos déplacés, insultes, propositions sexuelles…) au moins une fois dans leur vie.
Source : Sondage Odoxa – Dentsu-Consulting pour France Info et Le Figaro Publié le 19 oct. 2017.
En 2017, c’est une vraie déferlante sur les réseaux : loin d’être des cas isolés, les témoignages sont nombreux et variés. Tous les lieux, les milieux, et les catégories sociales sont concernés.
Début 2021, le hashtag MeTooInceste voit le jour, dans la foulée de l’affaire Olivier Duhamel : les témoignages, cette fois centrés sur les violences sexuelles au sein du cercle familial, se comptent par milliers.
Mais alors, pourquoi créer un hashtag spécifique MeTooGay ?
Il faut remonter à septembre 2020 pour trouver la première utilisation du hashtag. Matthieu Foucher, journaliste et réalisateur, réalise une enquête pour le média Vice : on y découvre le tabou des agressions sexuelles et des viols vécus par les homosexuels.
Pour @VICEfr, j’ai décidé d’enquêter sur un sujet qui me fait cogiter depuis très longtemps : la très forte prévalence d’abus sexuels vécus par les gays dans l’enfance et l’adolescence puis l’âge adulte et les nombreuses difficultés spécifiques à en parler https://t.co/SbwvzODCZ7
— Matthieu Foucher 🧚🏻♂️ (@MatthieuFoucher) September 23, 2020
Source : À la recherche du #MeToo gay – Matthieu Foucher – Vice.com – Publié le 23 sept. 2020.
Le 21 janvier, un jeune homme témoigne sur Twitter en accusant Maxime Cochard, élu PCF au Conseil de Paris, ainsi que son conjoint, de viol et d’agression sexuelle :
Les témoignages et messages de soutien ont alors commencé à affluer.
Sébastien Chauvin, sociologue, témoigne sur FranceInfo :
« Ça montre qu’il y avait un besoin. Dès le début de #MeToo, il y a eu des témoignages d’hommes, mais ils ont été dilués dans ce mouvement plus général. Récemment, des témoignages ont aussi émergé sur #MeTooInceste, ce qui correspondait d’ailleurs à une spécificité des violences sexuelles commises sur des hommes : selon les travaux de l’Ined, la majorité d’entre elles ont été subies avant 18 ans. Ce contexte peut expliquer que la question ait mis un certain temps à prendre une forme autonome. »
Source : Pourquoi a-t-il fallu un #MeTooGay pour qu’émerge vraiment la parole des hommes homosexuels victimes de viol ? – FranceInfo – Publié le 22 janv. 2021.
Il était temps que la parole se libère !
Trop de Lesbiennes, Gay, Bi ou Trans préféraient garder le silence lorsqu’ils ou elles étaient victimes : peur du outing, des représailles, de voir sa sexualité mise en lumière… mais également la volonté de ne pas attaquer son propre camp. En effet, contrairement au MeToo originel qui visait les hommes, sont visés ici les membres d’une même communauté, déjà en proie à l’homophobie. Surtout que certains se permettent encore d’associer homosexualité et pédophilie.
Source : Affaire Polanski: Pascal Legitimus compare la pédophilie et l’homosexualité, et s’excuse – 20 minutes – Publié le 17 nov. 2019.
Enfin, il y a une idée reçue, récurrente, qui complexifie la prise de parole spécifique des hommes homosexuels : l’homme aurait un besoin sexuel plus important que celui de la femme. De fait, deux hommes ensemble se doivent d’avoir une sexualité débridée et des actes répétés. Grande nouvelle ! La notion de consentement est indispensable AUSSI pour les couples Gay. Un désir masculin « incontrôlable » ne peut légitimer les violences au sein de la communauté comme il ne peut servir de prétexte aux violeurs.
C’est facile d’écrire sur les réseaux, plus difficile de se livrer.
Un mot pour tous les courageuses et les courageux : désormais, on vous lit, mais surtout, on vous croit et on vous soutient !
Petit à petit, la honte change de camp, et ce n’est qu’un début !
Fabien
Bravo pour cette article très riche . Mes félicitations !
Vraiment bravo et toutes mes félicitations pour cette article très intéressant et très touchant.